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L’assassinat ciblé, arme fétiche et à double tranchant d’Israël

Depuis sa création, en 1948, Israël recourt à la pratique de l’élimination ciblée avec une redoutable efficacité. Au fil des années, grâce au développement de la technologie militaire et au perfectionnement de ses agences de renseignement, dont le Mossad, l’Etat hébreu a mis au point une machine à assassiner sans équivalent dans le monde occidental. Les deux frappes qui ont visé coup sur coup Fouad Chokr, l’un des plus importants chefs militaires du Hezbollah, mardi 30 juillet à Beyrouth, et Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, quelques heures plus tard à Téhéran, en offrent une nouvelle démonstration – même si la mort du premier n’est pas encore totalement établie.
Dans la guerre par intermittence à laquelle l’Etat hébreu et le Hezbollah se livrent depuis plus de quarante ans, les liquidations de responsables politiques et militaires sont une histoire ancienne. En 1992, Abbas Moussaoui, chef charismatique du Parti de Dieu, est tué par une frappe de missile menée par des hélicoptères israéliens, alors qu’il circule en voiture avec son épouse et son fils de 6 ans, sur une route de la Bekaa, dans l’est du Liban. En 2008, Imad Moughnieh, chef militaire et cerveau de plusieurs attentats, dont celui contre l’ambassade américaine à Beyrouth, en 1983, en pleine guerre civile, est tué dans une explosion à la voiture piégée à Damas, où il résidait.
Ces attaques spectaculaires, qui mettent en lumière les failles du mouvement en matière de sécurité interne, ont eu un effet déstabilisateur à court terme. Mais elles n’ont jamais affaibli le Hezbollah en profondeur. A Abbas Moussaoui a succédé Hassan Nasrallah, un stratège de premier plan, immensément populaire parmi ses partisans. Sous sa direction, le Hezbollah a tenu tête à Israël, lors de la guerre de l’été 2006. Puis, à partir de son intervention en 2012, dans la guerre civile syrienne, aux côtés du régime Assad, il est devenu un acteur non étatique régional, un maillon-clé de l’« axe de la résistance » pro-iranien.
Dans chaque confrontation avec Israël, le mouvement chiite voit sa base se resserrer autour de lui et retrouve sa « raison d’être », la lutte contre l’« entité sioniste ». Le parti milice est né dans le sillage de la révolution islamique à Téhéran, en 1979, et de l’invasion israélienne du Liban en 1982. Il a combattu l’occupation du sud de ce pays par l’Etat hébreu jusqu’au retrait israélien, en 2000.
Depuis le début des combats en octobre 2023 à la frontière libano-israélienne, plusieurs cadres de la branche militaire du Hezbollah ont été éliminés, dans le sud du Liban, confirmant l’étendue du renseignement israélien. « Le Hezbollah est un tout petit peu affaibli par la série de frappes ciblées, mais il reste une organisation puissante, et son arsenal militaire est intact », estimait, avant l’attaque du mardi 30 juillet dans la banlieue sud, une source diplomatique occidentale.
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